Le piège risque de se refermer sur...l'ONU, en RCI.
Les images ont été diffusées ce week-end par TF1, et ont aussitôt été brandit par Gbagbo pour demander le départ de l'ONUCI de la Côte d'Ivoire. Dans la bataille de l'information que se livre actuellement Gbagba et le reste de la communauté internationale, c'est plutôt Gbagbo qui marque des points...en RCI, et aidé en cela, et c'est là que la chose devient cocasse, par les chaines de télévision internationales. Celles-là qui sont justement accusées d'inciter à la haine (et interdites de diffusion en RCI) . Déja, le documentaire sur France 2 traitant de la FranceAfrique a été longuement diffusée sur la RTI. Mais voici que s'ajoutent ces images (extraites d'une vidéo), montrant des combattants cagoulés (difficile d'imaginer que ce soit des militaires de l'ONUCI) mais avec des brassards bleu ciel de l'ONUCI, faisant le coup de feu.
Ces images vont rendre très difficile le travail des troupes onusiennes sur le terrain (elle vont être obligées de se terrer, ou de sortir seulement avec des moyens renforcés, voire des blindés), Mais le gros risque reste la collusion forcée que cette cette escalade va mettre entre les forces nouvelles et les troupes onusiennes. En 10 ans de présences sur le terrain, l'ONU a toujours fait l'effort de conserver une certaine impartialité. J'ai été casque bleu, c'était parfois difficile, mais pas impossible. Disons même que comme l'Onuci avait son siège à Abidjan, le rebelles nous suspectaient souvent d'être du coté des loyalistes, les loyaliste nous suspectant du contraire car dans leur esprit, nous devrions nous déployer pour les aider à combattre les rebelles. Mais sommes toutes, l'équilibre a toujours été respecté.
Plus maintenant. Les rebelles que j'ai rencontré sur le terrain ont souvent une valeur combative supérieure à celle des casques bleus, soumis à la règle de légitime défense, et souvent peu enclins à allez faire le coup de feu pour une cause qui n'est pas leur. Mais la communauté d'intéret, (ONUCI et FN par leur soutien à Ouatara) va inéluctablement jeter l'ONU dans une situation fort embarrassante, quand les rebelles vont deterrer leur caches d'armes (qui a cru qu'ils ont tout rendu) et passer à l'action, en utilisant parfois, comme c'est le cas ici, les attibuts de l'ONUCI. Qui irait bien les en empêcher, eux qui sont cernés à l'hôtel du Golfe, seuls contre tous? Qui se dresserait devant eux si, dans une opération commando d'une parfaire audace comme eux seuls savent l'entreprendre, ils s'emparaient de quelques engins de l'ONU pour aller faire le coup de feu en ville et réjoindre leur camarades au nord.
Pire, qui se dressera sur le chemin à présent, s'ils se renforcent et attaquent Tiébissou, verrou qui ouvre la voie sur Yamoussoukro, et Abidjan. Pas les Français en tout cas, habitués par le passé à le faire, mais sommés de partir eux aussi, et malgré tout à la sécurité des 15000 compatriotes présents majoritairement à Abidjan. Certainement pas l'Onuci, qui n'en a pas les moyens, ni la motivation, encore moins les motifs.
De la à retrouver les Nations Unies épaulant une rebellion dans un pays en guerre, le pas est vite franchi, d'où le piège.
La seule solution réside dans une sortie de crise rapide, faisant l'économie d'une reprise de la guerre civile. Par consequent, amener Gbagbo a quitter le pouvoir. L'ennui, c'est qu'il le sait, Gbagbo, que le temps est de son coté. Et ce temps est un piège pour l'ONU.