Univers carceral

La cellule était humide, infecte et plongée dans l’obscurité. Une dizaine de personnes gisaient en vrac sur le sol en terre battue. Toutes des femmes. Dans la pénombre, Aurore devina qu’elles étaient torse nue, et extrêmement amaigries.
Quelques instants plus tôt, le garde l’avait jetée dans la cellule en ricanant. N’eut été la présence du policier qui l’avait escortée depuis le commissariat, l’homme l’aurait violée à même les étroits couloirs du pénitencier. Il était reparti en marmonnant quelque chose où il était question de vengeance.
Les nouvelles compagnes d’Aurore l’avaient accueillie sans aucune démonstration. Elles s’étaient contentées de lui faire un peu de place au milieu de la pièce. Bien entendu, la jeune fille avait cherché à entamer la conversation. A chacune de ses questions, un silence pesant lui avait été servi en guise de réponse.
Plus tard, elle avait compris que c’était la loi, dans les cellules de femmes. On ne parlait jamais à une nouvelle prisonnière tant que les gardiens ne s’étaient pas réunis pour dire à qui elle revenait. Il était 07 heures. A 20 heures, ils réuniront toutes les nouvelles dans la cour de la prison. Ensuite, ils se les partageront par ordre de grade. A partir de cet instant, chacune d’entre elle deviendra une esclave sexuelle jusqu’à ce qu'un jour, repus, le gardien la rejette dans la cellule où un matin, on la retrouvera morte : d’inanition, de maladie, ou de chagrin. Qu’importe. Tout le monde savait qu’à Cherka, on n’en ressortait que les pieds en avant.
Aurore s’assit contre le mur, et promena la main sur le sol inégal, avant de se relever d’un bond. Sa main avait effleuré une matière molle à l’odeur caractéristique. En fixant le sol, elle réalisa que tout un coté de la pièce était jonché d’îlots d’excréments humains. Elle se crispa et hurla, sans s’en rendre compte.
- Je veux sortir d’ici.
Une voix lui répondit, d’une autre cellule.
- Ce n’est pas difficile, il faut mourir, ma fille, mourir
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